LA FORMATION SEXOLOGIQUE À L’UQAM, UNE FORMATION IMPARFAITE / SEXOLOGY TRAINING AT UQAM: PREJUDICE, TABOOS, AND EXCLUSIONS

Apr 26, 2016

LA FORMATION SEXOLOGIQUE À L’UQAM, UNE FORMATION IMPARFAITE / SEXOLOGY TRAINING AT UQAM: PREJUDICE, TABOOS, AND EXCLUSIONS

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*English version below
Lorsqu’on parle de sexologie, certain.es s’imagineront une discipline critique et féministe visant à déconstruire les préjugés entourant les identités de genre et les orientations sexuelles.

Mais comment se fait-il que dans le département de sexologie à l’UQAM, les réalités et vécus sexuels abordés soient majoritairement ceux des couples hétérosexuels monogames? Comment se fait-il que certaines autres expressions sexuelles dites marginales ne soient traitées qu’en tant qu’exception? Comment se fait-il qu’on nous apprenne encore des théories homophobes créées par un cofondateur de la sexologie à l’UQAM qui faisait des thérapies de réorientation sexuelle encore jusqu’à la fin des années 80, soit plus de 15 ans après que l’homosexualité ait été retirée du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM)? Comment se fait-il qu’une enseignante de sexologie dise en pleine classe que les personnes trans sont contre ses valeurs? Nous nous sommes rapidement heurté.es à une profonde désillusion en rentrant au département de sexologie de l’UQAM.

Le département de sexologie, malgré ses aspirations progressistes, ne forme pas ses futur.es intervenant.es à être critique des discours dominants et oppressants sur les sexualités. On ne défait pas les tabous entourant les sexualités, on les remplace plutôt par des mythes scientifiquement approuvés et on perpétue encore certaines théories complètement désuètes sans les critiquer. On enseigne une seule manière complètement dépolitisée de conceptualiser les sexualités, supposément la bonne, plutôt que de nous fournir des outils pour remettre en question les idées reçues.

Nous sommes des étudiant.es en sexologie pour qui ce parcours universitaire fut difficile et douloureux étant donné que nous sommes des minorités sexuelles qui sont critiques face à l’antiféminisme et à l’hétérocissexisme ambiant et présent dans le programme de sexologie à l’UQAM. Il est cependant important pour nous de spécifier que nous sommes des universitaires blanc.hes, cisgenres et de classe moyenne. Nos critiques portent ces biais et limites. Tout de même, nous dénonçons ce que nous avons vécu : le manque de perspective critique, politique et antioppressive fut, pour nous, la perpétuation de l’oppression que nous vivons quotidiennement. Mais ce que nous craignons le plus, c’est comment les sexologues bachelier.ères risquent, dans leur pratique, de perpétuer ces violences sur des populations déjà marginalisées et vulnérables, et ce, malgré leur réelle bonne volonté.

Aujourd’hui en refonte de son baccalauréat, le département de sexologie devra sérieusement mobiliser ses quelques agents de changement social pour rendre son programme plus inclusif et plus critique dans un climat où l’autocritique n’est pas toujours la bienvenue. De plus, le département doit composer avec l’autorité du tout nouvel Ordre professionnel des sexologues du Québec et ses visées de professionnalisation qui orientent et contrôlent ces changements. Nous anticipons qu’une volonté de politisation de la sexologie à l’UQAM pourrait être perçue comme un obstacle à sa crédibilisation et donc à sa professionnalisation.

Nous ne voulons pas la destruction de la sexologie, discipline scientifique récente devant encore faire ses preuves. Nous souhaitons une éducation sexuelle de qualité dans les écoles du Québec faites par des sexologues qualifié.es, mais nous voulons que celleux-ci soient formé.es pour répondre adéquatement à tous.tes les élèves, peu importe leur identité de genre, leur orientation sexuelle, leur classe sociale, leur ethnicité, leurs pratiques sexuelles, leurs croyances, etc. Nous dénonçons les lacunes que nous avons constatées dans le programme de sexologie à l’UQAM dans le but d’exercer une certaine pression sur le département pour que ça change. Parce que nous avons espoir que ça change.

Voici un lien vers notre analyse non exhaustive des éléments que nous avons identifiés comme problématiques dans le programme de sexologie à l’UQAM : https://minoritesrouspeteuses.wordpress.com/

Le Collectif des Minorités Rouspéteuses

https://www.facebook.com/minoritesrouspeteuses

SEXOLOGY TRAINING AT UQAM: PREJUDICE, TABOOS, AND EXCLUSIONS

When we talk about sexology, some envision a critical, feminist field of study that deconstructs society’s prejudices about gender identities and sexual orientation.

So how is it that in the sexology department at UQAM, the sexual realities and experiences that are discussed are almost exclusively those of monogamous heterosexual couples? How is it that other forms of sexual expression are treated as marginal and only discussed as exceptions? How is it that we’re still being taught homophobic theories invented by a co-founder of the UQAM sexology department, who was still practicing sexual orientation conversion therapies until the late 80s, more than 15 years after homosexuality was withdrawn from the Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (DSM)? How is it that a sexology professor could say in the middle of class that trans people are against her values? We entered the UQAM sexology department full of enthusiasm, but we quickly ended up severely disillusioned.

Despite its progressive postures, the sexology department does not train future practitioners to think critically about oppressive mainstream accounts of sexuality. Instead of breaking the taboos surrounding sexuality, it dresses them up as science and uncritically perpetuates completely obsolete theories. Rather than providing students with tools for critiquing received wisdom, it teaches a single, supposedly apolitical way of conceptualizing sexuality as though it were the sole, hard truth.

As members of sexual minorities who are critical of the ambient misogyny and heterocissexism that pervades the UQAM sexology program, our experience as sexology students has been difficult and painful. We want to be clear that we are white, cisgender, middle-class university students, and that our critiques are limited and biased by that fact. Nevertheless, we are speaking out about our experiences of the uncritical, depoliticized, majoritarian approach of our program, and how it continued and reinforced the oppression we already live with every day. Above all we are concerned that, despite their sincerely good intentions, students are graduating from the program without the knowledge and tools they need to avoid perpetuating these forms of violence on already marginalized and vulnerable populations.

As part of its current review of the bachelor’s program, the sexology department must take meaningful action to support those of its members who are working to make the program more inclusive and critical, in an environment in which self-critique is not always welcome. The department is subject to the authority of the brand-new Ordre professionnel des sexologues du Québec, whose notions of professionalism are guiding and controlling these changes. We foresee that any attempt to bring critical understanding to bear in the UQAM sexology department will be portrayed as an obstacle to its credibility and professionalization.

We have no interest in “destroying” sexology, a young scientific discipline that is still proving itself. We want quality sex education in Quebec schools, provided by qualified sexologists; but we want those sexologists to have the training they need to meet the needs of all their students, whatever their gender identities, sexual orientations, social classes, ethnicities, sexual practices, beliefs, etc. In speaking out about the failings we have observed in the UQAM sexology department, we are pressing for change. Because we are hopeful that change is possible.

Please see this link for our non-exhaustive analysis of the problems we have identified in the UQAM sexology program (in French): https://minoritesrouspeteuses.wordpress.com/

Le Collectif des Minorités Rouspéteuses

https://www.facebook.com/minoritesrouspeteuses